De la responsabilité de l'employeur à la responsabilisation des employés : atteindre le zéro accident grâce au point de bascule
En matière de sécurité au travail, il est désormais reconnu que le simple respect des réglementations ne suffit plus pour atteindre un environnement véritablement sécurisé et le zéro accident. Le changement ou le « point de bascule », se produit lorsque l’employeur dépasse le cadre de ses obligations légales et que les employés deviennent des acteurs actifs et engagés dans la gestion des risques. C’est cette transition, d’un modèle unilatéral à une collaboration réciproque, qui permet d’approcher l’objectif ambitieux du « zéro accident ».
Un engagement réciproque pour atteindre le zéro accident
Pour franchir ce point de bascule, l’engagement des deux parties est primordial :
- Pour l’employeur : L’employeur ne peut plus se limiter à respecter la loi. Il doit faire de la sécurité une valeur fondamentale de l’entreprise. Cela implique non seulement de mettre en place des procédures claires, mais aussi de cultiver une atmosphère de sécurité à travers la formation continue, la communication ouverte et des retours réguliers sur les incidents ou presque-incidents. L’employeur doit aussi encourager l’innovation dans les mesures de prévention en s’ouvrant aux suggestions et à la créativité des employés.
- Pour les employés : Leur rôle évolue de simples exécutants à celui de partenaires dans la gestion des risques. Chaque employé doit être formé non seulement à identifier les dangers, mais aussi à comprendre et à anticiper les risques. Leur responsabilisation consiste à participer activement à la mise en œuvre des solutions préventives et à s’engager dans une amélioration continue. Les employés doivent se sentir à l’aise de signaler les dangers sans crainte de répercussions et d’apporter des solutions concrètes.
Les Responsabilités de l'Employeur :
Les employeurs peuvent progresser à travers plusieurs niveaux de responsabilité en matière de sécurité :
- Inactif : L’employeur ne fait que respecter les obligations minimales, sans prendre d’initiatives supplémentaires.
- Conformité minimale : Il se conforme aux règlements principalement pour éviter des sanctions, mais n’a pas encore une stratégie proactive en matière de prévention.
- Conformité proactive : L’employeur anticipe les risques. Il met en place des procédures robustes, propose des formations régulières, et crée une communication proactive à tous les niveaux de l’entreprise.
- Culture de sécurité intégrée : À ce stade, la sécurité est intégrée dans tous les processus décisionnels de l’entreprise. L’employeur investit dans des programmes de prévention collaboratifs, encourage l’innovation, et analyse régulièrement les performances en matière de sécurité pour les améliorer en continu.
Exemples : Certaines entreprises pionnières ont mis en place des programmes de mentorat où des employés expérimentés forment les nouveaux sur la culture de sécurité, ou encore des comités de sécurité où employés et direction discutent ouvertement des améliorations à apporter.
Pour aller plus loin, consultez notre article sur les trois niveaux de prévention en entreprise.
La responsabilisation des employés
De la même manière, le rôle des employés évolue également à différents niveaux :
- Passif : L’employé suit les règles imposées sans réel engagement personnel.
- Réactif : L’employé respecte les consignes de sécurité et réagit face aux dangers mais sans anticipation proactive.
- Proactif individuel : L’employé s’engage personnellement dans la prévention des risques, propose des améliorations et participe à la mise en place de mesures de sécurité.
- Proactif collaboratif : L’employé, en collaboration avec ses collègues, travaille à améliorer continuellement la sécurité collective. Il participe activement à l’identification des risques et à la mise en œuvre de solutions à l’échelle de l’équipe ou du service.
Le point de bascule vers une prévention collective et le zéro accident
Le point de bascule se produit lorsque les actions de l’employeur et la responsabilisation des employés se rejoignent pour créer une synergie positive. Ce modèle favorise une prévention collective où chaque acteur prend conscience de sa responsabilité partagée en matière de sécurité.
La clé : la confiance mutuelle. Il est essentiel que les employés aient confiance dans les intentions de l’employeur, et vice versa. Les travailleurs doivent se sentir valorisés et soutenus dans leurs initiatives en matière de sécurité, tandis que l’employeur doit être à l’écoute des préoccupations et des suggestions des employés.
Exemple concret : Dans certains secteurs à haut risque, comme la construction ou l’industrie chimique, des entreprises ont vu leur taux d’accidents chuter après avoir instauré des politiques de signalement anonyme des dangers, ce qui a renforcé la confiance et libéré la parole des employés.
Une culture de sécurité à atteindre ensemble
Atteindre l’objectif du zéro accident nécessite un engagement réciproque et une évolution vers une culture de sécurité véritablement intégrée. Ce processus commence par une compréhension claire des responsabilités à chaque niveau, et se concrétise par une collaboration active et continue entre l’employeur et les employés. Lorsque chacun joue pleinement son rôle et que la sécurité devient une valeur partagée, elle se traduit naturellement dans les comportements quotidiens.
Et vous, où en êtes-vous dans cette démarche ? Avez-vous atteint ce point de bascule dans votre entreprise ? Partagez vos expériences et vos bonnes pratiques dans les commentaires !
Vous pouvez également faire appel à une expertise externe, comme celle d’un IPRP, pour vous accompagner dans la mise en œuvre de votre politique de prévention ou pour former votre salarié désigné compétent.