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Pourquoi les biais cognitifs sont un Danger pour la Sécurité au Travail

Introduction

Avez-vous déjà entendu cette petite voix intérieure qui vous chuchote « Laisse, ça ne prendra pas longtemps, il ne va rien se passer » ?
Ou avez-vous déjà croisé un professionnel expérimenté qui commet des erreurs en matière de sécurité au travail ?
Notre cerveau, malgré son efficacité, peut parfois commettre des erreurs de jugement appelées biais cognitifs. Ceux-ci sont comme des pièges subtils dans notre manière de penser, influençant souvent nos décisions sans que nous en soyons pleinement conscients.
Dans le contexte de la sécurité au travail, où chaque décision est critique, ces biais peuvent constituer un risque significatif. Ils peuvent nous conduire à sous-estimer les dangers, à négliger des instructions importantes ou à surestimer nos propres capacités. Il est donc crucial de comprendre ces mécanismes et d’apprendre à les gérer pour améliorer la sécurité sur le lieu de travail et prévenir les incidents évitables.

Comment notre cerveau influence nos décisions ?

On pourrait résumer ainsi « Ce n’est pas ma faute, je ne pouvais pas faire autrement. »

Le cerveau humain est une machine complexe et extrêmement efficace. Pour gérer la masse considérable d’informations que nous recevons quotidiennement, notre cerveau utilise des raccourcis mentaux, également appelés stratégies simplifiées. Ces stratégies simplifiées nous permettent de prendre des décisions rapides sans nécessiter une analyse approfondie. Elles sont souvent basées sur nos expériences passées et nos jugements intuitifs, mais peuvent également conduire à des erreurs systématiques dans notre raisonnement, connues sous le nom de biais cognitifs.

Le fonctionnement du cerveau repose sur deux modes principaux : le mode intuitif, ou automatique, qui est rapide et se base sur des impressions immédiates et des associations instantanées ; et le mode délibératif, ou réfléchi, qui est plus lent et analytique, impliquant une réflexion consciente et une évaluation détaillée des options disponibles.

Dans le domaine professionnel, particulièrement en matière de sécurité, le mode intuitif peut souvent dominer. Par exemple, un employé expérimenté peut se fier à son intuition pour évaluer une situation de sécurité en se basant sur ses expériences passées, plutôt que sur une analyse approfondie des risques actuels. Cette approche peut être efficace dans certaines situations, mais elle peut également être risquée car les biais cognitifs peuvent altérer la perception des risques et influencer la prise de décision.

Les biais cognitifs émergent de diverses influences, notamment :

  • Préjugés : Des croyances ou des opinions préexistantes qui colorent notre perception et notre jugement.
  • Émotions : Nos émotions peuvent influencer fortement notre évaluation des situations, souvent de manière non rationnelle.
  • Habitudes mentales : Des schémas de pensée récurrents qui peuvent diriger notre attention et notre interprétation des événements.
  • Limitations perceptuelles et attentionnelles : La manière dont nous percevons et prêtons attention à l’information peut être limitée par notre capacité cognitive, entraînant des jugements biaisés.

En plus de ces éléments, il est essentiel de prendre en compte les conditions inhabituelles ou détériorées. Sous des niveaux élevés de stress, de fatigue ou d’urgence, les biais cognitifs peuvent être amplifiés. Par exemple, lorsqu’il y a une défaillance d’équipement ou une situation d’urgence, les employés peuvent être sous pression pour décider rapidement, souvent en utilisant leur intuition. À ces moments-là, les erreurs de jugement causées par les biais cognitifs peuvent être plus fréquentes et avoir des conséquences plus graves.

En comprenant comment ces biais se forment et affectent notre comportement, ainsi qu’en reconnaissant l’influence des situations anormales, nous pouvons identifier les occasions où ils pourraient compromettre la sécurité au travail. Cela nous permet de développer des stratégies pour contrer ces biais et prendre des décisions plus sûres et plus informées.

Quels sont les principaux biais cognitifs ?

1. Biais de disponibilité

Le biais de disponibilité se produit lorsque les gens jugent la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples de cet événement viennent à l’esprit. Par exemple, un salarié qui n’a jamais vu un accident sur une machine peut sous-estimer le risque de se blesser, car il n’a pas d’exemples récents en mémoire.

2. Biais de confirmation

Le biais de confirmation désigne la tendance à rechercher et à se rappeler des informations qui confirment ce que nous croyons déjà. Par exemple, si un salarié pense qu’une certaine tâche est sans danger, il peut ignorer les avertissements ou les preuves contraires qui montrent le contraire.

3. Surconfiance

La surconfiance se caractérise par une surestimation de ses propres compétences et capacités personnelles. Un salarié peut penser qu’il est suffisamment doué pour manipuler des produits chimiques sans protection, alors qu’il prend en fait des risques inutiles.

4. Biais d’attribution

Le biais d’attribution consiste à attribuer ses succès à ses propres actions et ses échecs à des causes externes. Par exemple, un salarié pourrait blâmer un outil défectueux pour un accident plutôt que de reconnaître qu’il n’a pas suivi les procédures de sécurité correctement.

5. Effet Dunning-Kruger

L’effet Dunning-Kruger décrit comment les personnes avec peu de compétences ont tendance à surestimer leurs capacités, tandis que les personnes très compétentes sous-estiment les leurs. Un novice peut penser qu’il connaît toutes les règles de sécurité d’un site, alors qu’il est en réalité loin d’en avoir une connaissance complète.

6. Malédiction du savoir

La malédiction du savoir se produit lorsque quelqu’un communique des informations en supposant que l’autre personne possède déjà les mêmes connaissances. Par exemple, un formateur en sécurité peut oublier de mentionner des étapes de base parce qu’il suppose que tout le monde les connaît déjà.

7. Biais de représentativité

Le biais de représentativité correspond à l’estimation de la probabilité d’un événement en se basant sur des cas ou des situations similaires. Par exemple, un salarié pourrait sous-estimer le danger d’une nouvelle machine parce qu’elle ressemble à une ancienne qui était sans danger.

8. Biais de statu quo

Le biais de statu quo se traduit par une préférence pour que les choses restent telles quelles plutôt que de changer. Par exemple, les salariés peuvent résister à l’adoption de nouvelles procédures de sécurité parce qu’ils préfèrent maintenir leurs méthodes habituelles.

9. Biais d’optimisme irréaliste

Le biais d’optimisme irréaliste se manifeste par la croyance que les événements positifs sont plus susceptibles de se produire que les événements négatifs. Par exemple, salarié peut penser qu’il est peu probable qu’il soit impliqué dans un accident de travail, même s’il ne suit pas toutes les règles de sécurité.

10. Effet d’ancrage

L’effet d’ancrage se produit lorsque les personnes se fixent sur une première idée (l’ancre) et n’ajustent pas suffisamment leurs jugements par la suite. Par exemple, si un salarié entend d’abord que certains équipements sont « généralement sûrs » et qu’il ne s’est jamais rien passé, il pourrait négliger des informations ultérieures sur des incidents récents impliquant ces équipements.

Comment les gérer efficacement ?

Pour améliorer la sécurité au travail, il est crucial de mettre en place des stratégies efficaces pour lutter contre les biais cognitifs. Voici quelques approches clés :

  • Promotion d’une culture de sécurité proactive : Promouvoir une culture où la sécurité est une priorité et où les erreurs ou les comportements sont discutées ouvertement pour en tirer des leçons.
  • Encouragement par une réflexion critique : Encourager les salariés à prendre le temps de réfléchir avant de démarrer une action et à penser à ce qu’il pourrait se passer.
  • Utilisation de check-lists et procédures standardisées : Réduire l’influence des biais en standardisant les procédures et instructions, assurant ainsi une exécution cohérente et répétable des tâches.
  • Leadership et exemplarité : Les leaders doivent servir de modèles en matière de sécurité et dans leur comportement afin de promouvoir un environnement de travail sûr et en valorisant les bonnes pratiques.

Conclusion

La gestion des biais cognitifs est impérative pour améliorer la sécurité au travail. Elle garantit qu’au-delà des procédures et des consignes, les salariés amélioreront leur comportement dans le travail au quotidien. Comprendre comment ces mécanismes influencent nos décisions permet d’adopter des stratégies efficaces pour une culture sécurité durable.

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